La montagne, on ne la possède pas.
On ne la domine pas.
On la gagne, parfois, au prix de l’effort.
On la traverse, on l’écoute, on la respecte.
Et surtout, on la partage — avec passion, effort et humilité.
C’est toute la mission du guide de montagne : ouvrir la voie, sécuriser les pas, transmettre une pratique exigeante, mais aussi une manière d’être au monde. Dans les Alpes suisses et françaises, été comme hiver, il accompagne celles et ceux qui veulent vivre la montagne pleinement, dans son intensité sportive autant que dans sa beauté brute.
L’hiver, le guide mène ses pas dans la neige vierge, là où le silence règne. En ski de randonnée ou hors-piste, on monte lentement, on respire fort, et on savoure chaque mètre de dénivelé avant de s’élancer dans une descente sauvage. Loin des foules, la montagne se mérite, et chaque sortie devient une expérience physique et mentale. Mais jamais solitaire : le guide est là pour veiller, conseiller, transmettre son regard sur la neige, les risques, les lignes possibles. Il connaît les versants cachés, les couloirs abrités, les corniches trompeuses. Il sait lire le relief comme on lit un livre vivant.
L’été, la roche prend le relais. C’est le temps des arêtes aériennes, des voies d’escalade, des courses glaciaires, des hautes routes. La progression se fait encordée, concentrée, avec cette même alliance d’intensité physique et de vigilance constante. Le souffle se coupe parfois face à un sommet, un vide, une lumière de fin d’après-midi sur les aiguilles. La nature est là, à chaque pas : le vol d’un gypaète, le sifflement d’une marmotte, l’éclat bleuté d’un glacier. Le guide n’est pas qu’un technicien. Il est un passeur de sensations, d’émotions, de paysages.
Car ici, la performance se conjugue avec la contemplation. L’engagement physique n’exclut pas l’émerveillement. Et la montagne, si elle ne s’apprivoise jamais, se révèle à ceux qui l’approchent avec respect et envie d’apprendre.